L'Universal Genève Polerouter
Il existe bien des icônes dans le domaine de la montre vintage et une place d'honneur est réservée à la Polerouter. Il faudra attendre près de soixante ans après la fondation de la manufacture par Numa Émile Descombes et Ulysse Georges Perret, deux jeunes horlogers qui se sont installés à Le Locle pour découvrir ce modèle d’anthologie.
Connus pour leurs chronographes de tous types (Uni-Compax, Aero-Compax, Tri-Compax..) ou encore la "Cabriolet", première montre réversible avant Jaeger LeCoultre et sa Reverso ou la Tank Basculante de chez Cartier, l'histoire retient véritablement la collaboration entre Universal Genève et le célèbre designer Gérald Genta.
Comme souvent, les montres de cette époque constituent de véritables outils nécessaires aux hommes pour l'accomplissement de leurs tâches. La Polerouter ne faisant pas exception ici, elle fut mise au point par le groupe pour permettre aux aviateurs de l'époque de réaliser des vols commerciaux au-dessus du pôle Nord. En effet, le trafic aérien s’est fortement développé pour endiguer les besoins de déplacement des populations sur de longues distances.
D'ailleurs c'est pour les besoins de la Scandinavian Airline System et son vol Copenhague Los Angeles le 15 novembre 1954, que la Polerouter fait son baptême de l'air et son baptême technique. Elle démontre sa grande résistance aux champs magnétiques très présents au niveau du Pôle Nord. L'opération est couronnée de succès et l'empreinte du designer iconique du monde horloger propulse la montre suisse au sommet.
Car oui, ce garde-temps dispose d'un design contemporain et affirmé pour l'époque. Pour faire court, on observe un cadran sectorisé, contrasté des index poli et assez larges pour la visibilité, des aiguilles dauphines acérées et un guichet date non carré mais, trapézoïdale et présent à 3 heures. La légende de Gérald Genta s'écrivant dans les détails, les aiguilles des secondes tournent autour de la jonction des deux secteurs dont le central est lisse tandis que le secteur extérieur présente des stries permettant de lire les minutes. Du point de vue esthétique, rien n'est laissé au hasard et la montre est une véritable réussite. Ce n'est pas vraiment une surprise quand on voit le pedigree du designer helvète.
Comme vous avez pu le lire plus haut, Universal Genève est une manufacture en avance sur son temps. D'abord animé par un mouvement automatique à ressort de butée dit "Bumper", la Polerouter va être le réceptacle d'un nouveau type de mouvement via l'utilisation dès 1955 d'un calibre équipé de micro rotor. Pour faire simple, une montre mécanique automatique fonctionne grâce à la présence d'une masse oscillante qui va tourner avec les mouvements du poignet et permettre au barillet d'emmagasiner l'énergie nécessaire pour faire fonctionner la montre. La manufacture genevoise sophistiqua le procédé en réalisant une masse oscillante bien plus petite, pour permettre d'affiner le mouvement et contenir la taille de la montre.
C'est avec cette réussite technique que Universal Genève se détache noblement de sa réputation de fabricants de chronographes vers une manufacture capable de proposer tous types de montres d'une qualité exceptionnelle.
L'histoire de la Polerouter continuera jusqu'en 1968 et donnera naissance à pléthore de déclinaisons comme les Polerouter Date, DeLuxe, Jet, Jet Date, Sub Genève, Sub Genève Date, Railrouter... Ces modèles ont suscité chez les collectionneurs un intérêt sans nom et on retrouve de nombreux sites Internet qui tentent de répertorier l'intégralité des modèles existants de cette gamme. Comme toute montre recherchée, la cote de la Polerouter a explosé sur le marché gris. Ce n'est pas étonnant : la montre est d'une grande qualité, l'histoire est belle et son design a été réalisé par le plus grand designer horloger du XXIe siècle.
Cependant, et car, il faut bien trouver un défaut, à tout produit prisé, il existe un revers de la médaille. Celui de la PoleRouter tient dans le fait que des gens mal intentionnés souhaitent profiter de la méconnaissance des collectionneurs amateurs pour leur vendre des garde-temps modifiés à prix d'or. On constate de nombreuses montres avec des cadrans repeints, avec parfois des mauvais alignements des écritures sur le cadran.
Pour en apprendre plus et éviter de vous faire avoir, nous vous recommandons le très bon article de Adam “@hamblar” sur son blog : How to spot a repainted Polerouter dial.
Si vous avez été attentifs et que vous souhaitez véritablement obtenir cette montre remplie d'histoire, surveillez bien le site Seconde Vintage et n'hésitez pas à vous renseigner sur les différentes encyclopédies en ligne sur le sujet. En effet, qu'il s'agisse de forum ou de discussion entre passionnés, on arrive souvent à trouver réponse à nos questions. Nous espérons que la découverte de cette montre mythique et de son histoire vous aura plu et n'hésitez pas à vous abonner à notre newsletter pour découvrir notre article hebdomadaire !
